En 2018, malgré un climat social tendu et un environnement économique marqué par l’essoufflement de la croissance européenne, le Brexit et le différend commercial sino-américain, les indicateurs d’attractivité de la France sont restés bien orientés.
D’après le baromètre EY en particulier, la France devance l’Allemagne et talonne le Royaume-Uni en nombre de projets d’investissements étrangers (IDE) sur son territoire. Ces projets sont essentiellement portés par l’industrie, le numérique et les services aux entreprises.
Cette attractivité de l’Hexagone témoigne de la solidité de ses secteurs historiques, de la densité de son écosystème entrepreneurial et du dynamisme de sa recherche. Les réformes récemment entreprises jouent également favorablement. Des progrès restent cependant à faire en matière de fiscalité et de coût du travail.
D’après l’INSEE, l’attractivité économique d’un territoire se définit comme « sa capacité à attirer des ressources spécifiques provenant de l’extérieur. Les contours de l'attractivité économique englobent deux aspects complémentaires : un aspect « productif » traditionnel et un aspect « résidentiel ». Ils définissent ensemble une géographie de l'attractivité des territoires ».
Attractivité : définition et mesures
L’attractivité économique d’un territoire désigne sa capacité à attirer, sur une période donnée, de nouvelles activités économiques et des facteurs de production mobiles. Elle reflète la performance d’un territoire à une période donnée. Cette notion permet de justifier les choix d’investissements et d’accueil d’activités nouvelles d’un pays ou d’une région. Les politiques d’attractivité visent à attirer les investissements étrangers sur le territoire national afin d’augmenter le niveau de l’activité économique. Ces politiques sont légitimées par les théories de l’attractivité territoriale telles que celles développées par la nouvelle économie géographique ou l’économie industrielle.
La nouvelle économie géographique justifie la prise en compte de facteurs hors prix dans l’attractivité et la compétitivité d’une économie. Les choix d’implantation des entreprises dépendent d’externalités liées à l’agglomération ou à la dispersion des activités économiques. Des entreprises d’un même secteur peuvent ainsi être incitées à se concentrer géographiquement pour bénéficier d’économies d’échelle et d’externalités d’infrastructures (transports, proximité et accessibilité des fournisseurs ou du marché, etc). Elles peuvent, au contraire, être amenées à se disperser lorsqu’elles pâtissent d’externalités négatives liées à leur concentration, telles que la pollution, la concurrence locale responsable de la hausse du prix des intrants, etc. Les pouvoirs publics peuvent agir sur ces externalités. Par exemple, l’Etat peut décider d’établir des prix plafond sur les intrants ou développer les infrastructures, facteur essentiel dans le choix d’implantation des entreprises.
Les théories de l’économie industrielle viennent compléter les apports de la nouvelle économie géographique en mettant l’accent sur les ressources spécifiques d’un territoire, d’ordre institutionnel, industriel et technologique. La présence de technopoles, clusters, districts industriels au sein d’un territoire permettent aux entreprises de bénéficier d’externalités technologiques et de capital humain. Le développement de la recherche et de la formation de sa population sont aussi des clefs de l’attractivité.
Pour définir une politique d’attractivité, tout Etat doit au préalable chercher à mesurer cette attractivité. Plusieurs indicateurs développés par des institutions supranationales, telles que la Banque mondiale, permettent d’en rendre compte. Le premier consiste à comptabiliser les flux entrants d’investissements directs étrangers (IDE). Le nombre d’emplois créés sur le territoire par les centres de décision étrangers est un autre indicateur important.
Nous nous intéressons ici plus particulièrement aux enquêtes d’opinion développées par des cabinets de conseil, telles que le baromètre EY, celui de l’AmCham France (Chambre de commerce américaine en France), de Bain & Company ou encore les enquêtes de Kantar. Toutes rendent compte du point de vue d’investisseurs sur un pays donné. Ainsi, en 2019, 500 investisseurs ont été sondés dans le cadre de l’enquête de Kantar sur l’attractivité de la France tandis que le baromètre EY a recueilli les propos de 210 chefs d’entreprises. Le rapport annuel de Business France sur les investissements internationaux en France est également riche d’informations. Il établit les caractéristiques des IDE en France (pays d’origine, secteurs, emplois concernés, etc.) et dresse un bilan de l’attractivité de l’Hexagone et du contexte international dans lequel ces flux d’IDE sont générés.
Deux autres indicateurs composites viennent compléter ces enquêtes. La Banque mondiale publie chaque année son indice Doing Business classant 190 économies en fonction de la qualité du climat des affaires qui y règne et leur attribue des scores quant à la facilité d’implantation d’une activité sur leur territoire. Chaque année est également établi le Global Competitiveness Index à la suite du World Economic Forum. Cet indice de compétitivité réunit les aspects macro et microéconomiques de la compétitivité de 140 pays en un seul indice. Ce dernier croise les résultats de 98 indicateurs concernant, notamment, les institutions, les infrastructures, la stabilité macroéconomique et la capacité d’innovation. Cet indice permet de classer les économies en fonction de leur degré de compétitivité.
Etat des lieux
En 2019, dans le classement Doing Business, la France obtient le score de 77,29 sur 100, en légère augmentation par rapport au classement 2018 (+0,99), signe que le pays résiste bien dans un environnement mondial et européen toujours plus incertain sur le plan économique et politique. Ce constat est validé par l’indice de compétitivité du World Economic Forum qui classe la France quinzième pays le plus compétitif en 2019, en hausse de 2 places par rapport à 2018.