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Perspectives comparées de récession aux États-Unis et dans la zone euro

30/06/2023

Qui, des États-Unis ou de la zone euro, est le plus exposé à la récession ? La première réponse qui vient est : la zone euro. Celle-ci a, en effet, « techniquement », déjà basculé en récession au regard de la double baisse du PIB au 4ème trimestre 2022 et au 1er trimestre 2023. Mais, pour l’heure, cette récession apparaît seulement d’ordre « technique » : la contraction du PIB est, en effet, de faible ampleur et elle n’est pas généralisée à l’ensemble des composantes de la croissance ni aux Etats-membres de la zone euro.

Transcription

Qui, des États-Unis ou de la zone euro, est le plus exposé à la récession ? La première réponse qui vient est : la zone euro. Celle-ci a, en effet, « techniquement », déjà basculé en récession au regard de la double baisse du PIB au 4ème trimestre 2022 et au 1er trimestre 2023. Mais, pour l’heure, cette récession apparaît seulement d’ordre « technique » : la contraction du PIB est, en effet, de faible ampleur et elle n’est pas généralisée à l’ensemble des composantes de la croissance ni aux Etats-membres de la zone euro.

En outre, un rebond technique est probable au 2ème trimestre, compte tenu de la forte baisse de la consommation publique et de la contribution très négative des variations de stocks qui ont pesé sur la croissance au 1er trimestre, ponctuellement on peut le penser. Ce rebond serait toutefois éphémère et ne ferait donc que reporter, d’un trimestre, la question d’une véritable entrée, ou non, en récession de la zone euro à compter du 3ème trimestre. La même question se pose pour les Etats-Unis : le 2ème trimestre sera-t-il le dernier trimestre de croissance avant la récession ?

Nos prévisions actuelles répondent par l’affirmative pour les Etats-Unis mais par la négative pour la zone euro, qui échapperait à la récession, de justesse toutefois. Il ne faudrait pas grand-chose, en effet, pour basculer de la stagnation attendue à la récession dans la zone euro tandis que le risque paraît inverse pour les Etats-Unis, la récession attendue tardant à se matérialiser pour le moment.

L’élément principal sous-tendant notre scénario de récession pour les Etats-Unis est la plus grande ampleur du resserrement monétaire. Le durcissement des conditions d’octroi de crédit y est également plus important que dans la zone euro. En outre, les taux d’intérêt réels sont en passe de redevenir positifs, renforçant le caractère restrictif de la politique monétaire américaine. Nous tenons également compte du signal récessif clair, envoyé depuis plusieurs mois par l’indicateur composite avancé du Conference Board via, notamment, l’inversion, prononcée, de la courbe des taux.

Pour terminer sur une note positive, il existe aussi, encore, des facteurs de soutien à la croissance, des deux côtés de l’Atlantique : la dissipation des contraintes d’offre, la baisse progressive de l’inflation, les augmentations salariales, la résistance du marché du travail, la saison touristique, et les efforts d’investissement dans le numérique, la transition énergétique et la souveraineté industrielle. A quel point cela peut-il éviter la récession ? Verdict dans quelques mois.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE