Il existe une relation étroite entre ces deux composants, qui s’est fortement amplifiée avec le processus de mondialisation et l‘éclatement des chaines de production à travers la planète. Mais plus encore, avec la mondialisation, les échanges internationaux de biens se sont développés à un rythme beaucoup plus important que le PIB mondial. Pour donner quelques chiffres concrets : au cours des 40 dernières années, le PIB mondial a été multiplié par 4, mais le commerce international a lui été multiplié par 7.
En quelques mots, comment expliques-tu cet accroissement plus important des échanges ?
La raison principale est le développement massif des exportations de biens intermédiaires, qui sont comme leurs noms l’indiquent, utilisés à la production d’autre produits finaux. Ce sont par exemple des composants électriques ou électroniques, des matériaux de construction, ou encore des minerais. Entre 1980 et 2019, la part de ce type de biens dans les exportations mondiales a littéralement bondi, passant de 30% à 44%.
Si ce différentiel de croissance se maintient lors d’une phase d’expansion économique, on observe symétriquement un renversement beaucoup plus rapide des échanges mondiaux en phase de ralentissement ou de récession. C’est ce qu’on a pu observer lors de la crise financière mondiale de 2008 ou plus récemment lors de la crise du Covid-19 en 2020, même si cette dernière est un cas à part du fait de la nature du choc.
Cette relation va-t-elle se maintenir dans le temps ?
On observe depuis 10 ans déjà, un ralentissement assez prononcé des échanges internationaux de biens, qui s’est traduit par un recul de celui-ci dans le PIB mondial. Un pic au-delà de 50% avait été atteint en 2008, juste avant la crise financière. Si ce recul pourrait s’expliquer en partie par une résurgence des mesures protectionnistes et une tendance de repli sur soi des économies (dont les impacts restent à mesurer), une raison plus manifeste réside dans l’importance croissante des exportations de services tels que l‘information et la communication, les services financiers et les échanges liées à la propriété intellectuelle. Ces services sont voués à s’étendre sensiblement au cours des prochaines années à mesure notamment que la numérisation des activités s’étend au sein des entreprises.