Les courbes se sont croisées : l’inflation française, longtemps en deçà de celle de la zone euro, lui est désormais supérieure (5,7% en septembre contre 4,3% a/a, selon l’indice harmonisé). En moyenne, l’inflation française dépasse même en août-septembre de près de 0,5 point son niveau de juin-juillet (contre une décrue 0,6 point en zone euro). En cause, le rebond des prix de l’énergie, plus important en France, notamment avec la hausse du tarif réglementé de l’électricité en août 2023 (+10%). A contrario, le reflux de l’inflation sous-jacente s’est poursuivi (3,6% a/a en septembre contre 4,3% encore en juillet). Il s’explique principalement par la stabilisation de l’indice (désaisonnalisé) des prix des biens manufacturés entre avril et septembre.
La confiance des ménages a reflué en septembre à 83, après avoir atteint, pendant 3 mois, 85. Le regain d’inflation a pesé sur la perception des ménages de leur situation financière personnelle et de leur niveau de vie. L’opportunité d’épargner a retrouvé, à 37 en septembre, son plus haut (hors période de Covid) de février 2023, signe que le taux d’épargne des ménages (18,8% du revenu du disponible brut au T2, près de 4 points au-dessus de la moyenne observée en 2019) devrait rester élevé.
Le maintien d’une demande des ménages plus modérée depuis plusieurs trimestres commence à affecter les carnets de commande dans l’industrie : par exemple, selon la Commission européenne, les carnets de commandes dans l’automobile étaient redescendus à 3,5 mois en juillet, leur niveau moyen en 2019 (contre 4,3 mois en moyenne au 1er semestre 2023). Cette moindre demande aurait aussi pesé sur la production : le chiffre sur la production passée de septembre dans l’enquête de l’Insee dans l’industrie (qui se rapporte aux 3 mois précédents, donc au T3) est négatif, à -6 (contre +3 en juin et +5 en moyenne historique). Cela s’explique par les chiffres des secteurs de l’automobile, des autres matériels de transport et des secteurs cycliques (chimie, plastiques, métaux).
Les éléments plus positifs (rebond de la production et des exportations de matériels de transport, investissement des entreprises) ont permis jusqu’au T2 de maintenir une croissance positive. Nous nous attendions à ce que les éléments négatifs l’emportent dès le T3 (prévision de croissance à -0,2% t/t). Toutefois, notre nowcast suggère que la croissance serait restée positive (0,1% t/t), en ligne avec un climat de l’emploi de l’Insee plus modéré qu’auparavant, mais encore au-dessus de sa moyenne de long terme au T3 (à 104 en moyenne). Si tel était le cas, cela pourrait simplement signifier un ralentissement plus tardif, par exemple au T4.
Stéphane Colliac (achevé de rédiger le 19/10/2023)