D’autres, comme l’Italie ou la Turquie, sont situés au-dessus de la diagonale, ce qui indique que la dégradation des conditions économiques intérieures y a été encore plus marquée que le choc extérieur. L’Italie est entrée en récession au second semestre de 2018. La forte augmentation des rendements obligataires a sans doute joué un rôle, tant directement (hausse du coût du financement) qu’indirectement (en tant qu’indicateur de l’incertitude propre au pays et due à ses finances publiques). La Turquie a connu des tensions majeures sur ses marchés financiers durant l’été 2018, ainsi qu’une envolée de l’inflation et des taux d’intérêt, puis le pays est entré en récession. Le cas de l’Australie est intéressant : son indice PMI a modérément reculé alors que ses perspectives d’exportation n’ont quasiment pas changé, ce qui laisse à penser que là aussi des facteurs nationaux sont à l’œuvre.
Le graphique 1 met également en évidence deux pôles : le premier regroupe des pays dont la variation de l’indice PMI et des commandes à l’exportation est faible, voire légèrement positive, tandis que le second rassemble les pays dont ces deux indicateurs ont fortement chuté. Ces derniers sont pour la plupart membres de l’Union européenne et l’intensité des échanges intra-européens suppose que des chocs négatifs dans un pays se répercutent aux autres : près de 30 % des exportations autrichiennes et 24 % des exportations néerlandaises sont ainsi destinées à l’Allemagne, ce qui explique l’importance toute particulière pour ces deux pays de l’absence de croissance outre-Rhin au second semestre 2018.
Le fait que de nombreux pays affichent une diminution sensible du sous-indice des commandes à l’exportation fait écho au ralentissement significatif de la croissance des volumes d’échanges internationaux, lui-même probablement lié au tassement de l’activité chinoise. La modération, observée dans de nombreux pays, de la formation brute de capital fixe, qui recourt davantage aux importations que la consommation, pourrait également jouer un rôle, de même que l’incertitude qui règne sur les relations commerciales internationales.