Les États-Unis ont bénéficié en août d’un redressement du climat des affaires, qui semble écarter pour quelques mois encore le risque de récession. L’ISM manufacturier a gagné 1,2 pp en août pour s’établir à 47,6, mais demeure toutefois clairement en zone de contraction (depuis novembre 2022, un record depuis 2009). Surtout, le nouveau recul de la composante « nouvelles commandes » et l’absence de sous-composantes au-delà du seuil des 50 suggèrent un progrès fragile et insuffisant pour impulser un retour rapide et durable en zone d’expansion. L’ISM non-manufacturier atteint 54,5 (+1,8 pp), une amélioration généralisée au sein des sous-composantes, avec un bond remarqué de la composante « emploi » (54,7, +4,0 pp).
La confiance des ménages a fait le chemin inverse. L’indice du Conference Board a perdu près de 8 pts en août (retombant à 106,1), sous l’effet de la détérioration de l’appréciation des consommateurs américains des conditions actuelles (144,8, -8,2 pts) et de leurs attentes quant aux six prochains mois (-7,8 pts, à 80,2). L’écart positif entre ces deux dimensions, considéré comme un signal récessif, demeure très important.
Des signes de détente du marché du travail sont visibles dans les créations nettes d’emploi salarié non-agricole. En août, elles se sont élevées à +187k, augmentant tout en marquant un ralentissement net sur trois mois (+241k entre février et mai 2023, contre +150k entre juin et août). Le taux de chômage est remonté à 3,8% (+0,3 pp) sur fond de rebond du taux d’activité, lequel a atteint 62,8% (un plus haut depuis février 2020), accentuant l’idée d’un rééquilibrage en cours du marché du travail via un renforcement de l’offre.
L’inflation s’est révélée plutôt décevante en août, s’établissant à +3,7% a/a (+0,4 pp, selon la mesure CPI) sous l’effet du fort rebond du prix de l’essence (+10,6% m/m). En rythme mensuel (corrigé des variations saisonnières), la composante sous-jacente a réaccéléré pour la première fois depuis mai (+0,3% m/m) mais inscrit une nouvelle diminution en glissement annuel, à 4,3% a/a (-0,4 pp). La Fed a décidé de maintenir ses taux inchangés en septembre et, si elle a atteint le taux terminal dans notre scénario central, les risques restent orientés à la hausse et les membres du comité voient une nouvelle hausse de 25 pb avant la fin de l’année. Signe de l’anticipation d’une politique monétaire durablement restrictive, les taux à 10 ans se situent à leur plus haut niveau depuis 16 ans (autour de 4,40%).
Le nowcast de la Fed d’Atlanta prévoit une croissance encore très élevée de +1,5% t/t au T3 (après +1,1% révisé au T2), portée par la consommation des ménages et l’investissement résidentiel, ce dernier tirant profit des contraintes d’offre sur les logements existants. Notre propre prévision est plus modérée (+0,7%).